L'esthétique des ruines

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L'esthétique des ruines

Bégout, Bruce
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Nous sommes entrés dans le troisième âge des ruines. Après les ruines anciennes et les ruines modernes instantanées, nos territoires se couvrent à présent de ruines instantanées, de ruines si immédiates et si totales quelles ne sont plus à proprement parler des ruines, mais des tas de décombres. L'obsolescence programmée des nouveaux édifices, conçus non pour durer mais pour se dégrader rapidement, inaugurerait-elle une civilisation des gravats ? Dans cet essai aussi passionnant que fouillé, Bruce Bégout nous propose une radiographie de cette nouvelle production architecturale. A travers l'analyse des oeuvres de Tocqueville, Riegl, Smithson, Koolhaas, Arendt, et quelques autres, il interroge le nouveau visage du monde : un monde sans ruines.


TTT TELERAMA

Par Juliette Cerf


Publié le 05 avril 2022 à 14h46


Mis à jour le 05 avril 2022 à 14h46


Motels dépeuplés, entrepôts désaffectés, centres commerciaux délabrés, stations-service abandonnées, zones pavillonnaires désertées : tous ces bâtiments sans qualité, ces ruines contemporaines, non nobles mais « ignobles », constituent le décor des explorations urbaines qu’aime à pratiquer Bruce Bégout, l’un des penseurs et écrivains les plus originaux de notre époque. De Las Vegas à Paris, en passant par Los Angeles et Bordeaux (où il enseigne), le philosophe, né en 1967, qui inspire artistes et architectes, sait mieux que quiconque cartographier les proliférations suburbaines d’aujourd’hui, « l’extension des villes au-delà de leurs limites, la dissolution de l’urbain dans un espace sans centre ni périphérie », comme il l’écrivait dans Suburbia. Autour des villes (2013). C’est aux côtés du même éditeur, Inculte, que Bruce Bégout poursuit sa pérégrination urbaine, quête phénoménologique et existentielle, en se plongeant cette fois-ci corps et âme dans ce qu’il nomme l’« obsolescence des ruines ». Parce que l’urbain a remplacé la ville, la ruine ne peut plus être…


Après les ruines anciennes et modernes, nous serions en effet entrés dans le troisième âge des ruines : celui des ruines « instantanées », des ruines qui, n’ayant même plus le temps de devenir telles, de « finir » en ruines, comme le dit bien l’expression, ressemblent plutôt à de vulgaires débris, à de simples déchets, assortis à cet « espace-poubelle » (Junkspace) décrit par l’architecte néerlandais Rem Koolhaas, ou aux « cimetières de machines » chers à l’écrivain anglais J.G. Ballard. « Toute ruine est désormais initiale », analyse Bruce Bégout, en pointant l’extrême dégradation subie par la construction architecturale après la Seconde Guerre mondiale. Les bâtiments précaires, « légers, modulables, démontables », n’ont cessé de se multiplier, programmant leur propre désuétude, avec des matériaux low cost, du neuf déjà vieux, du préfabriqué déjà « périmé ». Poussée, comme toute la société, vers le « très court terme », l’architecture a incorporé les « injonctions pressantes de la flexibilité, de l’adaptabilité et de la mobilité permanentes ». Incapables de durer, c’est-à-dire d’affronter le temps — alors que la ruine traditionnelle, et c’est toute sa « grandeur », figure paradoxalement une « résistance à cette destruction dans le temps », en un sens très rassurante —, les productions architecturales deviennent « plus fragiles que les corps humains qui les ont édifiées », les bâtiments quasi mort-nés affichant une espérance de vie « au moins deux fois inférieure » à la nôtre… Qu’advient-il quand s’opère cette vertigineuse inversion entre la fragilité de la vie et « la solidité du monde », compris avec Hannah Arendt comme ce que l’homme construit ?


S’il se montre féroce avec la vogue ridicule des éphémères cabanes — dans son chapitre intitulé « La hutte finale » ! —, Bruce Bégout ne verse pas dans l’aigreur passéiste. Le présent se recharge de forces créatives, quand il s’empare de la figure de l’explorateur urbain, cet « urbex » qui lui ressemble tant, dont il raconte l’histoire (à travers le groupe du Suicide Club ou Ninjalicious) et dont il dresse un portrait fraternel, en compagnie de Walt Whitman et Philippe Vasset. Ce dernier n’écrit-il pas que « le rôle essentiel de l’écrivain est de pourvoir d’hôtes les maisons abandonnées » ? Alors que le flâneur baudelairien avançait au hasard, se laissant surprendre par les mystères de la ville, l’urbex, qui, au sein de la vacance suburbaine, sait « faire des gravats ses confidents », procède de façon très méthodique. Le besoin de friches, fondamentalement, est un « besoin d’histoires », conclut Bégout.

ปี:
2022
สำนักพิมพ์:
inculte
ภาษา:
french
ไฟล์:
EPUB, 353 KB
IPFS:
CID , CID Blake2b
french, 2022
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